dimanche 27 mars 2011

Et toi, t'as déjà vu une légende?



Mulatu Astatke, connu essentiellement du grand public pour sa collaboration sur la B.O du Broken Flowers de Jarmusch, avec le tubesque Yegelle Tezeta, est surtout le musicien éthiopien qui a révolutionné le jazz à tendance ethnique avec la création de l’éthno-jazz. Rien que ça.
Mille fois samplé, marque moderne du succès, le papy au xylophone a ainsi joué avec les plus grands, Duke Ellington ou encore Mahmud Ahmed, et a signé en 2005 chez Stut Records, label anglais spécialisé dans la réédition de galettes soul, funk et afro jazz.

Pour ma part, le jazz est un monde fermé, hermétique, auquel je n’entrave que peu de choses. J’ai découvert Mulatu avec le cadeau de noël de mon room mate, un des premiers albums du Monsieur en vinyle. À ma grande surprise, j’ai trouvé ça super accessible et pas barbant du tout. Tout ça pour dire que j’étais toute excitée contente d’apprendre que cette légende sans âge venait poser son xylo dans ma ville.
Les concerts du dimanche soir, pour peu qu’on ait festoyé la veille, c’est salvateur. On y va à la cool, un petit verre en main, sans avoir l’impression qu’après Ça Cartoon, c’est dodo parce que demain y’a école.
Comme vous l’aurez sûrement deviné, je ne suis en aucun cas coutumière de ce genre de concert où le public se met à applaudir à des moments impromptus. Il paraît que c’est à chaque fin de chorus, traduction : à chaque fois qu’un des musiciens fait un truc foufou, un solo si vous préférez.
Me voilà au premier rang, prête à en découdre avec cette légende vivante. J’ai aussi un autre a priori, la peur que le bonhomme, trop âgé, se contente de deux ou trois apparitions et laisse tout le boulot à son backing band, comme ça se fait souvent
Ils sont donc sept sur scène, une section trompette-saxo, violoncelle-contrebasse et percu avec un batteur et un percussionniste polyvalent. Pas de quartier, ils nous entraînent direct avec un tube qui nous fait tout de suite nous déhancher (tranquille hein ça reste du jazz) et fait naître un sourire béat sur notre visage fatigué. Ce sourire, il y restera une bonne heure et demie, où Mulatu, qui ne se reposera que le temps d’un morceau (ouf…), nous régale avec des compositions de ses débuts, ponctuées de solos de chacun de ses musiciens. Pour le coup, en ce qui concerne les applaudissements, il m’a suffi de suivre le mouvement et c’était si beau, si magique, non je n’exagère pas, que ça venait tout seul. On se laisse entraîner dans un monde où le son du xylophone nous porte gentiment. Mulatu, lui, est tout simplement le grand père qu’on aimerait tous avoir, une sorte de Bill Cosby qui chantonne pendant qu’il joue de son instrument qu’on imagine créé pour lui. Il nous parle, nous remercie, nous explique pourquoi ce morceau et ne cesse de big-uper son groupe. Groupe qui s’éclate sur scène, ça rigole, ça danse, ça se vanne et tout ça dans une bonne humeur communicative. Il dédie même un morceau à « nos frères japonais », qui se trouve être une nouvelle composition. On sent clairement la différence avec le reste, où le côté trad. laisse la place à un truc plus sériel. Sur la fin, les musiciens se lâchent, le contrebassiste nous offre un solo à couper le souffle, proche d’une musique contemporaine complètement barrée.
Un dernier rappel et puis s’en va.
On sort de là le sourire toujours aux lèvres, des étoiles plein les yeux, avec la satisfaction d’avoir applaudit aux bons moments.

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